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La photographie d’aura

En prolongation de notre article sur la photographie fluidique au XIXème et au début du XXème siècle, nous avons trouvé intéressant d’aborder une catégorie particulière et plus contemporaine qui en reprend les principes: la photographie d’aura.
Qu’est-ce qu’une aura ? Elle est liée depuis le Ier siècle avant Jésus Christ à la lumière et se présente sous forme de halo de quelques centimètres à la surface de la peau. Présente dans l’iconographie chrétienne pour couronner les saints et plus anciennement encore dans l’Antiquité pour mettre en valeur la tête de certaines divinités ou héros, cette enveloppe lumineuse symbolisait la qualité et le mérite du personnage représenté. Selon les croyances ésotériques, tout être vivant est doté d’une aura qui peut prendre différente coloration. Elle ne pourrait être perçue que par les médiums, soit qu’ils possèdent de manière innée ce don, soit qu’ils aient été initiés. La photographie serait un moyen d’offrir à tous la possibilité de la visualiser.
Il est important de remarquer deux choses en lien avec notre thématique sur la relation « science-croyance ». Premièrement, les personnes convaincues de l’existence des auras les considèrent comme scientifiquement prouvées. Elles les définissent comme des « champs d’énergie électromagnétique ». Cependant, la communauté scientifique doute de la nature surnaturelle du phénomène et essaie d’en donner une explication rationnelle. Les troubles visuels ou neurologiques comme la synesthésie sont les pistes avancées, bien qu’aucune ne soient aujourd’hui avérées. Deuxièmement, le concept d’aura à connu un regain d’intérêt au XXème siècle. Ceci pourrait se justifier par le désir répandu à cette époque de trouver des moyens techniques et d’inventer des machines pour la révéler.

Séance de photographie d'aura avec le dispositif d'Aura Camera 6000 inventé par Guy Coggins

Ainsi aux alentours de 1900, le médecin Walter J. Kilner (1847-1920) était persuadé d’avoir crée des lunettes qui capturaient ces émanations. On comprend mieux alors l’intérêt qui fut porté à l’outil photographique. Il était tout trouvé pour matérialiser et conserver ces traces lumineuses. La première photographie de ce type daterait de 1891, elle serait l’œuvre du génie scientifique Nicolas Tesla (1859-1943). Dans les années 1930, le russe Semyon Kirlian (1898-1978) tenta à son tour l’expérience photographique créant tout un dispositif technique en laboratoire. Bien que déjà expérimentée dans les années 60 en Union Soviétique, on considère que la photographie d’aura fut véritablement inventée dix ans plus tard par l’américain Guy Coggins. Extrêmement médiatisé, c’est lui qui mit au point un appareil spécialement conçu, l’Aura Camera. Le client s’assied sur une chaise sur fond noir, posant ses mains sur des capteurs reliés à un polaroïd. Au moment où la photographie est prise, les couleurs de l’aura sont retranscrites par les capteurs. Durant la deuxième partie de la séance, le médium déchiffre la signification des couleurs et leurs intensités, pour définir l’état de santé et l’état d’esprit du sujet. Cette lecture est un héritage direct de la pratique de la photographie des fluides. Mais contrairement à cette dernière, la photographie d’aura affiche clairement son aspect commercial. Des photographes comme Danièle Laurent, qui exerce à Paris et dont on peut trouver le site internet en ligne, l’ont même modernisée puisque l’aura peut désormais être filmée. Cela permettrait de juger de ses transformations formelles et colorées en temps réel, la variation s’effectuant au gré des humeurs, des sentiments et des pensées du modèle.

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